Le segment des voitures compactes connaît ses premiers vrais moments difficiles depuis… depuis… toujours. Ce n’est pas que les modèles offerts dans cette catégorie ne sont pas intéressants, au contraire. La raison, vous le savez probablement, c’est que les VUS sont devenus les véhicules de l’heure, surtout dans le plus récent segment regroupant les produits de taille sous-compacts.
Pensez Mazda CX-3, Honda HR-V, Hyundai Venue, etc.
Le phénomène est à ce point fort que depuis le début de l’année, seules deux voitures compactes ont vu leur vente croître ; la Volkswagen Jetta et la Kia Forte. Ça, ça signifie que la Honda Civic, la Toyota Corolla, la Hyundai Elantra et la Mazda3, pour ne nommer que celles-là, sont en retrait. Concrètement, on parle de 11,3 % pour la Civic, 8,7 % pour l’Elantra et 19 % pour la Mazda3 qui est nouvelle, rappelons-le.
Et la Sentra ? En 10e place sur 11 véhicules dans la catégorie avec un recul de 37,8 % par rapport à 2018. Heureusement pour elle, Nissan vient de le repenser pour 2020. Elle ne pourra pas faire pire.
Une refonte majeure
Nissan savait qu’elle devait donner un sérieux coup de barre. C’est fait. La nouvelle Sentra profite d’une nouvelle plateforme, d’une nouvelle robe et d’un habitacle entièrement repensé. Même son moteur lui est nouveau, un prêt octroyé par le VUS Qashqai. Le moulin en question est un 4-cylindres de 2 litres bon pour 149 chevaux et 146 livres-pieds de couple.
Et comme c’est la coutume chez Nissan, on retrouve une transmission à variation continue (CVT) avec la grande majorité des variantes. Cette dernière s’accompagne d’avantages et d’inconvénients ; on y revient. Pour les amateurs de la chose, sachez que la Sentra peut être livrée avec une boîte de vitesses manuelle à six rapports. Cependant, là aussi, il y a un hic. En fait, il y a des sacrifices à faire.
Et c’est un peu ce qui nous a agacés à propos de cette nouvelle Sentra. Elle a tout pour passer à un autre niveau dans son créneau, mais l’offre comporte quelques invraisemblances susceptibles de faire reculer certains acheteurs. Or, lorsqu’on se bat contre la Honda Civic et la Toyota Corolla, les faux pas peuvent être mortels.
Le Canada
La boîte manuelle est une exclusivité pour le Canada avec la Sentra, là où elle rejoint 10 % des acheteurs à travers le pays, 15 % au Québec. Sur ce point, on ne peut que féliciter Nissan. Toutefois, le fait que cette dernière ne soit offerte qu’avec la version de base est désolant. Elle aurait très bien pu servir la variante SR qui trône au somment de la gamme, devant les versions S et SV. Ce qui est pire, c’est que la livrée de base à boîte manuelle, canadienne pure laine, rappelons-le, est servie sans les sièges chauffants.
Lorsqu’on considère que plusieurs modèles d’entrée de gamme de catégories similaires les proposent de série, la stratégie est difficile à comprendre ici. En fait, souhaite-t-on vendre des versions à boîte mécanique ? La question est peut-être là.
Et parlant d’équipement, une autre décision difficile à cerner est le fait qu’il faut passer à la version SV pour qu’on retrouve les applications Apple CarPlay et Android Auto. Considérant leur popularité auprès des acheteurs, il est clair que certains iront voir ailleurs, là où c’est offert à moindre prix.
Bref, quelques décisions difficiles à comprendre, mais rien d’irréversible ; on pourra toujours ajuster le tir en cours de route.
Pour ce qui est des prix, il faudra attendre le moment du lancement pour les connaître ; le modèle est attendu en concession en février.
L’offre
Malgré ces irritants qui nous ont sauté aux yeux, l’offre, dans l’ensemble, est fort intéressante. Dans un premier temps, saluons l’intégration, dès la version de base à boîte manuelle, de la suite de sécurité Safety Shield 360. Cette dernière comprend six caractéristiques, soit les feux de croisement automatiques, le freinage d’urgence intelligent avec détection des piétons, l’avertisseur de sortie de voie, le freinage d’urgence automatique en marche arrière, ainsi que les alertes pour les angles morts et la circulation transversale arrière.
Ce modèle d’entrée propose aussi 10 coussins gonflables, un écran de 7 pouces pour la chaîne audio, ainsi que le démarrage à bouton-poussoir et l’alerte pour les places arrière, entre autres. Avec la version S Plus, on ajoute les sièges et les rétroviseurs chauffants, tout comme la boîte CVT.
C’est en passant au modèle SV qu’on retrouve les applications d’Apple et de Google, tout comme un écran tactile de huit pouces, deux zones pour la climatisation, le démarrage à distance et le régulateur de vitesse adaptatif, notamment.
Avec les versions SR et SR Premium on en rajoute, d’abord avec des roues en alliage de 18 pouces, un volant chauffant et un toit ouvrant, puis avec une chaîne audio Bose à huit haut-parleurs, des cuirs dotés de surpiqûres, ainsi qu’un rétroviseur à atténuation automatique.
Et à travers tout cela, on découvre un environnement de qualité. On a mis le paquet à bord et c’est perceptible. Il sera bien sûr intéressant de voir à quoi va ressembler la signature avec les déclinaisons de base, mais avec la SR, c’est concluant. Notons la qualité d’insonorisation, le confort des sièges et l’intégration de la dernière génération du système multimédia de Nissan.
Et la cerise sur le gâteau, c’est qu’au volant, l’expérience est plus que probante. Le châssis est solide et la conduite du modèle est devenue intéressante. En fait, jamais une Sentra ne nous a transmis un tel degré de rétroaction. On n’est pas encore dans la cour de la Honda Civic ou de la Mazda3, mais on n’est pas loin. En toute vérité, la boîte CVT vient gâcher la sauce. Son rendement est paresseux et ses envolées lyriques agressantes pour les tympans. Heureusement, elle assure des cotes de consommations intéressantes. On parle de 9,4 litres aux 100 kilomètres en ville, 6,4 litres sur l’autoroute, le tout pour un combiné de 8 litres avec le modèle à transmission manuelle. Avec la boîte CVT, les cotes respectives sont de 8 et 6 litres aux 100 kilomètres, toujours pour la conduite ville/autoroute. La moyenne générale est à 7,1 litres aux 100 kilomètres. Ajoutez 0,2 litre pour les livrées SR équipées de roues de 18 pouces.
Conclusion
La nouvelle Sentra est une réussite, ça ne fait aucun doute. Son style est accrocheur, son habitacle respire la qualité et sa conduite est plus inspirée que jamais. La CVT demeure un irritant, tout comme les manques soulignés avec l’offre.
Mais le défi est ailleurs pour Nissan. On doit d’abord rétablir le nom Sentra et le ramener à l’avant-scène. Pire, le tout doit se faire au moment où le segment vit une baisse historique au chapitre des ventes.
La lueur d’espoir, c’est que d’autres joueurs ont quitté la catégorie, ce qui laisse une pointe de tarte plus importante aux modèles restants. Nissan mise là-dessus, entre autres choses.